Cent fois sur le métier…

Exceptionnellement, pas de conférence vidéo aujourd’hui. Rassurez-vous, vous n’allez pas être laissés dans un total désarroi puisque nous allons vous présenter l’objet de nos préoccupations futures (du moins pour les quatre à cinq semaines à venir) : Tux. Mais laissons-le se présenter lui-même…

 

Bonjour ! Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je m’appelle Tux, du nom de la sympathique mascotte de Linux. Je ne suis pourtant pas manchot ! Tux-G2Je ressemblerais plutôt à mes illustres aînés, Antu, Kueyen, Melipal et Yepen, même si je suis bien plus petit qu’eux… Je suis en fait un disque de verre d’un tout petit peu plus de 25 centimètres de diamètre, mais j’aspire à devenir comme mes quatre camarades un formidable miroir de télescope. Bientôt, je l’espère…

Ma courte histoire commence pas très loin du mont Saint Helens, à quelques encablures de l’océan pacifique et de la ville de Seattle. Mon propriétaire d’alors ayant abandonné l’idée de me transformer en miroir a décidé de me mettre en vente sur un célèbre site d’enchères. C’est là que Yves me dénicha… Au beau milieu d’une nuit, il devint le meilleur enchérisseur. Me voilà parti pour un long voyage jusqu’en France!

Et puis un beau jour, me voilà !

 

 

Miroir

Tux

Un joli disque de verre (joli, c’est ce qu’on m’a dit, moi je ne sais pas, je ne me suis pas regardé dans… un miroir) de 254 millimètres, un peu épais (non, je ne suis pas gros, juste un petit peu enveloppé), cependant tout reste à faire… Il va falloir souffrir un peu pour que je voie ma première lumière !

Ça n’a pas tardé… Pour devenir un miroir, il faut creuser à partir de mon centre, pour former une “cuvette”. Ils appellent ça une sphère, ou une parabole. “Ils”, ce sont les spécialistes du club Sterenn où j’ai été emmené pour subir ma cure d’amaigrissement, et je peux vous dire que ce n’est pas un club de gym… Des passionnés d’astronomie et d’optique, plutôt. Michel, Bernard, et aussi Yves, qui a appris à leurs côtés. Mais moi, les termes scientifiques, je n’y connais pas grand chose, je ne suis qu’un disque de verre…

Alors, un soir, ils ont joué aux cow-boys et aux indiens, comme des gamins. Sauf que moi, j’étais l’indien.

 

Les cowboys

Les cowboys

L'indien

L’indien (dans la machine à tailler les miroirs)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ils m’ont mis dans une machine à tailler des miroirs, mis en route une disqueuse, et le carnage a commencé. Ils en ont enlevé du verre! Le problème, malgré leurs précautions, c’est qu’il s’est déposé en poussières un peu partout ailleurs. C’était leur premier test de la machine, promis, ils ne recommenceront plus dans ces conditions…

Par la suite, j’ai quitté le bac de la machine pour être fixé sur une colonne bien massive. Le travail s’est poursuivi à la main. J’ai fait la connaissance d’un autre disque de verre de même dimension, appelé outil. C’est moins poétique comme nom… Entre l’outil et moi, ils ont mis des abrasifs, et c’est parti pour nous frotter l’un contre l’autre. Au début, qu’est-ce qu’on faisait comme bruit ! Imaginez un peu si on vous passait de la paille de fer à même la peau…


 

Petit à petit, les abrasifs sont devenus de plus en plus fins, Et le bruit infernal est devenu un doux chant, le chant du verre poli… autrement plus agréable !

J’en ai connu, des péripéties. Un soir, Yves m’a initié à une pratique sportive inédite : la chute libre sans parachute. À la fin d’une séance, étant tout mouillé, je lui ai filé entre les doigts et je me suis mis à voler dans les airs… sauf que, comme je l’ai appris plus tard, un certain Newton a décrit une loi de physique appelée loi de la gravitation, ce qui fait que je ne suis pas resté longtemps suspendu dans les airs. J’ai commencé ma chute vertigineuse vers le sol, heureusement Yves m’a rattrapé in-extremis avant l’impact. Il fallait le voir après, blanc comme un linge… Mais je lui dis merci, sinon je ne serais pas ici pour vous parler !

Ecaille

Ecaille

Il y a eu aussi l’histoire de l’écaille récalcitrante. Une écaille sur la surface d’un miroir, ça le fait pas. Pas question de passer à un abrasif plus fin sans avoir fait disparaître cette méchante petite écaille. Il a donc fallu frotter, frotter et frotter encore.

Qu’est-ce que ça a été long pour l’effacer ! Il a fallu beaucoup d’abrasif et d’huile de coude pour y parvenir. Mais ils y sont parvenus!

En fait, pour arriver à devenir un vrai miroir de télescope, il faut passer quatre étapes. L’ébauchage (ils m’ont passé à la machine pour ça), le réunissage (ma forme creuse doit se rapprocher de la forme bombée de l’outil), le doucissage (ma surface dépolie va devenir de plus en plus douce, les premiers reflets de lumière apparaissent quand on regarde de biais) et enfin le polissage et la parabolisation (ma surface en forme de parabole doit devenir complètement transparente et lisse, rapporté au diamètre de la france, 1000km, ma plus haute bosse ne doit faire que quelques centimètres) . Ce n’est pas tout, une cinquième étape est indispensable : l’aluminure. On applique une fine couche d’aluminium à ma surface pour que je puisse parfaitement réfléchir. Hélas, dans mon cas, ça ne rend pas plus intelligent de réfléchir !

Et moi dans tout ça, j’en suis où ? J’ai passé brillamment les trois premières étapes. Il y a presque deux ans, le club a entrepris l’étape de la parabolisation.



C’était bien parti, je faisais des progrès, et puis un jour, j’ai dit stop. Je ne voulais plus travailler. J’en avais assez des cadences infernales que l’on m’imposait (une séance de parabolisation tous les deux jours environ) . Au bout d’un mois, face à mon entêtement à refuser de progresser, la mort dans l’âme, Yves m’a remisé dans ma boîte en bois, en espérant me reprendre très vite. En fait de me reprendre très vite, cela a pris bien plus de temps, faute de disponibilité. 

Mais samedi 11 février, c’est le grand jour ! Une nouvelle campagne de polissage va reprendre. Et pour commencer, il va falloir couler de la poix. Kezako ? C’est une sorte de résine de pin scandinave, un peu molle, qui va être fixée sur l’outil sous forme de carreaux, un peu comme des carrés de chocolat (sauf que c’est moins bon à manger) . L’outil ainsi équipé va frotter encore plus finement sur ma surface, la poix se mélangeant harmonieusement avec l’abrasif. Seulement, encore faut-il fabriquer les carrés de chocolat de poix. Cela prend un certain temps… Dès samedi matin, 9h00, les techniciens du club vont s’activer et travailler dur toute la journée pour obtenir la bonne consistance de la poix, décoller les carreaux, les tester, les coller sur l’outil, presser l’outil sur moi pour qu’il épouse bien mes formes… Du pain sur la planche !

Auparavant, il a fallu créer un moule à carrés de poix. Mais ceci est une autre histoire… Que Sterenn s’est amusé à raconter en vidéo ! J’ai bien rigolé à l’époque.

Je les ai écoutés mercredi soir pendant qu’ils préparaient la journée de samedi. J’ai crû comprendre qu’ils espéraient bien recommencer et raconter au jour le jour, en images et vidéos, mes futures aventures… Vivement samedi ! Ce sera parti pour quatre à cinq semaines de suspense, d’émotions, de rebondissements endiablés, et, je l’espère, d’un beau happy-end, comme dans les contes de fées…

À bientôt !

Tux

2 thoughts on “Cent fois sur le métier…”

  1. tux, tu maîtrises l’art de la Plume 😉 Ah ah ah
    petit paradoxe pour dire que demain, tu vas prendre ton envol (attention de ne pas y laisser des plumes)
    ça devient pitoyable, je m’arrête là
    A demain, tux, plein de bec-ot (hi hi hi)

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